Grande question, et certainement pas la première à se poser lorsque l’on veut rénover du bâti ancien.
Je répondrais déjà par une question : Quel est votre objectif ?
- Améliorer le confort de vie ?
- Baisser la consommation d’énergie ?
- Ne quasiment plus consommer d’énergie, objectif rénovation passive ?
- Valoriser votre patrimoine bâti ?
- Profiter de votre bien quelques jours par an, quelques heures par jour ?
Ensuite, votre bien immobilier a-t-il une valeur patrimoniale ? Dans quelle ampleur de travaux êtes-vous prêt à vous lancer ?
En fonction de vos réponses, vous pourrez établir un programme de travaux adapté pouvant aller de la correction thermique à la rénovation passive.
Préparation du projet et diagnostics
Une fois votre projet bien définit, vous pouvez solliciter les diagnostics indispensables :
- Structure (planchers, toit, murs, fissures, nouvelles charges etc)
- Diagnostic humidité (remontées capillaires, condensation, migration de vapeur d’eau)
- Amiante, plomb, électricité, gaz.
- Qualité de l’air intérieur, ventilation
Maintenant vous savez où vous allez, vous connaissez la destination et les embuches qui vous attendent (à quelques détails près 😊)
Isolation intérieure ? isolation extérieure ?
Si votre bien immobilier a une valeur architecturale, l’isolation extérieure va fortement dégrader sa valeur patrimoniale.
L’isolation extérieure permet de réchauffer votre mur et donc d’éviter les points de condensation à cœur. Cela à également l’avantage de préserver la surface habitable et de garder le confort lié à l’inertie thermique provenant de la masse des murs. (Émissivité et Effusivité).
Avec l’isolation extérieure et une excellente étanchéité à l’air, il est possible d’aller chercher la très haute performance énergétique sans trop de risque.
Si l’isolation extérieure est compromise par la présence de points singuliers générant trop de ponts thermiques, ou pour d’autres raisons liées à la configuration du bien, il faut alors changer son fusil d’épaule.
L’isolation intérieure d’un mur en pierre va avoir deux inconvénients majeurs :
- Création d’un point de condensation dans le mur (même avec un pare vapeur très fermé)
- Perte de l’inertie thermique apportant confort et déphasage.
Dans ce cas le projet peut prendre une trajectoire différente en remettant en cause le mode de chauffage. Si vous optez pour une énergie renouvelable avec un bilan carbone neutre, avez-vous besoin d’aller chercher une performance thermique très élevée ?
La réponse est non si vous vous consacrez désormais à supprimer les points d’inconfort.
Le confort
Déclinaisons du confort :
– Le confort visuel : a ne surtout pas négliger, je ne vais pas développer ce point mais on parle de couleurs chaudes et de couleurs froides 😊
– le confort olfactif : le traitement de l’humidité dans un bâtiment ancien permet de corriger rapidement ce point non négligeable. Le renouvellement de l’air et le traitement des remontées capillaires sont indispensables.
– Acoustique : au-delà de l’aspect thermique, un bonne étanché à l’air (moins de 1vol/h sous 50Pa) permet de se couper des nuisances sonores extérieures. Le choix pertinent des matériaux va également impacter cet aspect.
– Thermique : le confort thermique est, à tort, assimilé à la température de l’air, ce n’est totalement vrai.
- La vitesse de l’air à l’intérieur d’un logement impacte beaucoup le confort. Il faut limiter le déplacement de l’air à son strict minimum, le renouvellement de l’air. Il faut donc limiter les flux d’air parasite (étanchéité à l’air de l’enveloppe du bâti).
- Plus la température des parois est homogène plus on limite les déplacements d’air par convection. Les caractéristiques des isolants doivent permettre une performance homogène sur l’ensemble des parois (en deux mots si vous ne pouvez pas isoler votre sol, rien ne sert de sur-isoler votre mur nord)
- Plus que l’isolation, on va parler de correction thermique. Certains matériaux ne présentant pas forcément une Résistance Thermique (le fameux R) extraordinaire mais vont apporter du confort thermique par leur émissivité et leur effusivité.
- L’humidité des parois va modifier l’émissivité des matériaux (leur capacité à emmètre les rayonnement infrarouge) donc le confort thermique ou la sensation de chaleur.
- L’humidité de l’air (humidité relative (HR%) à préserver entre 40% et 60% à l’aide d’une bonne ventilation.
Pathologies du bâti ancien
Isoler un mur ancien, en pierre ou autre, revient à perturber un équilibre établi et souvent instable. Il faut donc faire les bons choix pour ne pas générer de pathologies.
Le risque structurel : attention au poids des isolants sur les parois horizontales, elles n’ont pas été conçu pour supporter de telle charges.
Le risque humidité :
– l’isolation d’une paroi verticale (mur) risque de perturber sa capacité à laisser passer la vapeur d’eau. La règle consiste à avoir des matériaux avec une ouverture au passage de la vapeur d’eau (μ x ép.) croissante de l’intérieur vers l’extérieur.
– si vous avez fait le choix d’une isolation intérieure, celle-ci sera raisonnable car le mur va se refroidir et générer un point de condensation à l’interface isolant/mur. (Pression de vapeur supérieure à la pression de saturation) on parlera alors plus de correction thermique car l’objectif est plus le confort que le sacrosaint R. Enduit chaux/chanvre, soubassement bois, liège en fine épaisseur, enduit terre etc.
– l’isolation devra être continue car chaque pont thermique favorisera l’apparition de moisissures (point froid). Le traitement des moisissures sur un mur doit être préventif (traiter l’origine)
– la ventilation devra permettre de contenir l’humidité relative entre 40% et 60% pour limiter les risques de condensation et donc de moisissures.
– la présence de remontées capillaires va faire cloquer vos enduits et vos peintures. Il faut traiter l’origine du phénomène par un procédé d’assèchement Mur-Tronic (technique garantie en résultat dans les CGV) ce qui va également vous prémunir de l’apparition de salpêtre. (Prévoir un enduit d’assainissement en soubassement en parallèle du traitement de l’humidité des murs)
La finition
Quel que soit le choix que vous ferez, sachez que la finition restera la partie la plus fragile, celle-ci devra être de nature cohérente avec le support choisi et assurer la continuité des caractéristiques choisi pour assurer le confort (émissivité, effusivité)
Conclusion
L’isolation d’un mur en pierre nécessite une réflexion approfondie pour atteindre son objectif et ne pas générer de pathologie. La correction (terme que je préfère à celui d’isolation) peut considérablement améliorer le confort thermique de votre maison et par conséquent, son efficacité énergétique.